Delphine Brulez du champagne Louise BrisonUn détour par la Côte des Bar.Delphine Brulez a repris l’exploitation familiale à la suite de son père en 2006, c’est elle qui incarne les champagnes Louise Brison à compter de ce millésime, et les millésimes sont cruciaux pour ce beau domaine viticole de l’Aube, installé dans le village de Noé-les-Mallets au coeur de la Côte des Bar. On y reviendra !
Avec un cursus d’agronome et un bagage théorique conséquent, Delphine Brulez pensait avoir toutes les clefs en main pour gérer son vignoble, mais la réalité l’a bien vite rattrapée et il lui a fallu bien vite se rendre à l’évidence qu’elle avait encore énormément à apprendre. Elle a donc fait preuve de beaucoup de pragmatisme, et tout comme ce qu’elle souhaite insuffler à sa vigne, beaucoup de résilience, pour apprendre à domestiquer la vigne lors des quatre saisons qui régissent le cycle de la vigne.
Changement de paradigme.Pour Delphine, la conversion à la viticulture biologique était quelque chose qui lui tenait énormément à cœur, sans jamais qu’elle ne l’envisage comme une fin en soi. C’est d’ailleurs un constat que dressent de nombreux vignerons et dont on ne peut que se réjouir, la véritable motivation derrière la pratique de la viticulture biologique c’est de produire du vin et du champagne de qualité tout en donnant à la vigne la possibilité de devenir résiliente, c’est-à-dire de lui permettre de se défendre toute seule face au développement incessant des maladies, en particulier les maladies dites cryptogamiques comme le mildiou ou l’oïdium. L’idée maîtresse est de maintenir la vivacité des sols grâce aux micro-organismes qui dynamisent le sol et dégradent la matière organique.
Le vigneron, tout comme la vigne, doit mettre en place tous les mécanismes possibles lui permettant d’évoluer toujours de façon positive, de s’adapter à son environnement, d’adapter ses pratiques, c’est une remise en question quasi permanente qui peut parfois faire douter de soi, de la pérennité de son projet, de ses propres capacités, etc. et ce d’autant plus lorsque l’on est une femme dans un monde d’hommes, et la viticulture n’envie rien aux autres domaines en termes de machisme. Fort heureusement, Delphine Brulez, tout comme son arrière-grand-mère Louise Brison qui a donné son nom au domaine, est une femme combative, pleine de ressources.
Le travail de la vigne est à envisager sur le long terme. Les expérimentations dans le monde de la viticulture sont nombreuses, elles sont le meilleur témoin de la capacité d’adaptation du monde viticole face au défi du dérèglement climatique (entres autres) mais sachant que le vignoble français a su se relever de la crise du phylloxera qui a pratiquement eu raison de la filière viticole française, on peut compter sur les vignerons (et les vigneronnes !) en France pour trouver des solutions respectueuses de la vigne et de l’Homme et à même de relever les défis contemporains en matière d’agriculture.
Faire du vin sans pressionEn Champagne, le pressurage et la qualité du vin sont intimement liés, et ce d’autant plus dans le cas des champagnes Louise Brison. On l’évoquait en filigrane en introduction, le millésime est un élément fondamental dans l’élaboration des champagnes de Delphine Brulez car chaque vendange, chaque millésime reçoit un traitement tout particulier, tout simplement parce que les cuvées sont systématiquement millésimées. Dans une région viticole où la coutume est dominée par l’assemblage, assemblage d’années, de parcelles, de cépages, etc. etc. Delphine perpétue l’ambition familiale de magnifier chaque millésime. On peut donc dire que l’assemblage se joue ailleurs ! Chaque parcelle est vinifiée séparément à l’aide d’un pressoir Coquard de 4000 kg (c’est-à-dire un marc champenois). En Champagne, l’art du pressurage a progressivement été amélioré au fil des années, à tel point qu’il est codifié dans le cahier des charges de l’AOC Champagne. Le pressurage est fractionné, la force de pressurage est réglementée, de même que la quantité de moût obtenue à partir d’un marc. Le meilleur jus, c’est la cuvée, viennent ensuite la première taille et la deuxième taille. Delphine a voulu aller encore plus loin en isolant la tête de cuvée. Plus la pression est forte et plus on va extraire de jus, et ce n’est pas synonyme de qualité car les pépins du raisin contiennent des tanins qui apportent de l’âpreté au vin, or l’extraction des jus se fait en grappes entières. La rafle, à laquelle les baies de raisin sont attachées, est elle aussi riche en tanins. Il faut donc un pressurage délicat, permettant de prélever le meilleur jus possible. Du bois pour le millésime.Delphine Brulez a fait le choix du bois pour l’élevage de ses vins. La fermentation alcoolique a lieu en fût de chêne et dure environ une dizaine de jours, en fonction des circonstances propres à chaque millésime. Les raisins contiennent naturellement des levures sur leur pellicule (au niveau de la pruine), ce sont ces levures autochtones (ou indigènes) qui vont permettre le début de la fermentation alcoolique. Quand tout le sucre est consommé par les levures, ces dernières meurent et décantent, en tombant au fond du fût elles forment les lies, c’est-à-dire un dépôt formé par les levures mortes et les particules autrefois en suspension présentes dans le vin. Ensuite, et pendant neuf mois, le vin continue à gagner en complexité en reposant sur ses propres lies. Le dépôt est d’une importance capitale dans le développement des composés aromatiques, d’autant que l’élevage a lieu dans un matériau qui respire : le bois. Contrairement à un contenant en inox, qui est un matériau inerte, le fût en chêne permet des échanges gazeux, une micro-oxygénation du vin qui le fait évoluer, lui donne du corps, et lui offre les meilleures conditions pour son vieillissement. Les vins ne sortent pas de cave avant six ans, a minima ! Mémoire de la Côte des Bar.En viticulture, la nature du sol est d’une importance capitale. Traditionnellement, le pinot noir occupe la première place dans la Côte des Bar, pourtant le sol est le même qu’à Chablis où le chardonnay règne sans partage. Le sol est de nature calcaire, très caillouteux ; il est composé de marnes du Kimméridgien ainsi que d’argiles. Que ce soit du point de vue de la nature des sols ou des pratiques de vinification, on perçoit que la Bourgogne n’est jamais loin. La trame vineuse et l’expressivité des champagnes Louise Brison en font des vins tout trouvés pour des accords mets & vins de premier choix. Ce sont des champagnes singuliers qui traduisent avec beaucoup de charme leur terroir de la Côte des Bar.
À l’heure actuelle, La Champagnerie vous propose quatre cuvées du Champagne Louise Brison issues de sa collection Mémoire : un blanc d’assemblage à base de chardonnay et de pinot noir : À l’Aube de la Côte des Bar, un blanc de noirs (100 % pinot noir) Pinot Noir de la Côte des Bar, un blanc de blancs (100 % chardonnay) Chardonnay de la Côte des Bar et un rosé de macération Rosé de la Côte des Bar. Afin de parfaire sa démarche, Delphine propose des champagnes non dosés, la liqueur de dosage qu’elle utilise est réalisée à partir du même vin sans ajout de sucre. À la seule vue des noms de ses cuvées, on devine sans difficulté à quel point Delphine Brulez est éprise de son terroir de la Côte des Bar.
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